Journaliste passionnée, depuis plus de 10 ans, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages ou des interviews.
Ce 24 juillet, Hervé Vilard a 78 ans. Cela fait près de 60 ans qu’il est sur scène et il n’entend pas la quitter, lui qui se produira encore en fin d’année à Paris. Mais si d’un point de vue professionnel, sa carrière aura été couronnée de succès, côté personnel, c’est plus chaotique. Après une enfance particulièrement difficile, il a connu des histoires sentimentales très compliquées qui se sont même achevées de façon dramatique.
Hervé Vilard, sa vie sentimentale reste un mystère avec les hommes, mais avec les femmes ça s’est très mal fini : “un fiasco total”
“-Alors la petite amie ? Ce bonheur partagé ? Vous avez bien une petite amie à la maison?
-Ma petite amie s’appelle Robert…” Ce dialogue qu’Hervé Vilard se remémorait en 2020 dans l’émission Passage des Arts au micro de Claire Chazal remonterait à 1967. Répondant aux questions du journaliste Jacques Chancel, celui qui deux ans auparavant a fait une entrée fracassante dans la chanson française avec son tube Capri c’est fini, lâche sur le ton de la plaisanterie cette petite phrase. On n’appelle pas encore ça un coming-out c’est pourtant bien de cela qu’il s’agit. Mais dans cette France pompidolienne restée ancrée sur de vieux schémas traditionnels, l’annonce choque. Certains estiment que cet aveu va lui coûter sa carrière. Le magazine Salut les Copains, emblème de cette époque des yé-yés qui chaque mois informe la jeunesse sur l’actualité, notamment sentimentale, des vedettes, passera quant à lui l’information sous silence.
Dans le documentaire Chroniques de l’âge tendre, diffusé en août 2022 sur France 3, Hervé Vilard revenait sur les réactions que sa confidence avait provoquées à l’époque : “Moi j’avais beau leur dire que j’étais homosexuel, ils ne voulaient pas en entendre parler (…) Jamais Salut les copains n’a repris l’affaire. On ne voulait pas entendre parler de ce genre de choses, ce n’était pas dans les moeurs de l’époque. C’était comme ça. Tout ça, c’était très compartimenté”.
Près de 60 ans ont passé depuis ces événements. Et Hervé Vilard, n’a jamais cessé de clamer haut et fort cette homosexualité. “Quel courage il y a, quand on vous pose une question, de dire la vérité ? Pourquoi aller mentir là-dessus ? C’est ridicule.” lâchait-il encore pour se justifier dans une interview qu’il accordait au Parisien en 2018. “Est-ce que les chanteurs de charme sont plus doués pour l’homosexualité. Je n’en doute pas !”, concluait en souriant celui qui, après avoir failli quitter la scène, continue de déchaîner les foules et que l’on pourra encore applaudir sur la scène du Café de la danse, à Paris début décembre.
Si Hervé Vilard se défend d’être un quelconque étendard de la cause homosexuelle, force est de constater qu’il évoque souvent le sujet. Sans jamais, toutefois mentionner la moindre relation avec un homme. “Ma vie privée ne regarde que moi”, clamait-il dans cette même interview accordée au Parisien. Dont acte. Mais alors, comment expliquer qu’il ait évoqué les deux femmes qu’il a fréquentées dans vie ? Deux femmes unies par une même destinée… tragique.
Tragique, à l’image des premières années de la vie du chanteur… Hervé Vilard, né René Villard, voit le jour dans un taxi en route pour l’hôpital. Orphelin d’un père inconnu, il est retiré à six ans à sa mère, déchue de ses droits maternels en raison d’un alcoolisme supposé. L’enfant est placé dans une orphelinat où il confiera bien plus tard avoir subi des viols et des violences.
Ses tentatives répétées de fuite le mènent à être placé dans sept familles d’accueil différentes. Parmi elles, une famille de métayers berrichons le traite comme leur propre fils, offrant au jeune garçon un semblant de stabilité.
À la fin des années 50, il découvre la musique en devenant enfant de choeur. C’est la naissance d’une vocation qu’il mettra tout en oeuvre pour accomplir, avec le succès que l’on sait… Dès la fin des années 60, c’est une star, tant en France qu’à l’étranger. Il décide de s’embarquer dans une longue tournée de deux ans en Amérique du Sud. C’est là qu’il va rencontrer son premier amour.
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Elle s’appelle Consuela mais on la surnomme Lalla. C’est au Mexique qu’il rencontre cette fille d’enseignants de la province du Chiapas. Dans son autobiographie Du lierre dans les arbres, parue en novembre 2020, le chanteur était revenu sur cet amour. “Une amie”, écrivait-il, “une soeur” avec laquelle il avait passé “un contrat” : celui d’avoir un enfant. “Je me suis convaincu que j’étais fait pour fonder une famille, que notre enfant métis serait le plus beau, le plus fort. Elle avait besoin de moi. J’avais besoin d’elle, s’était-il expliqué dans les colonnes du magazine à Gala. En France, j’avais moins de succès. Au Mexique, j’étais une idole nationale et j’avais trouvé une compagne avec laquelle on s’aimait éperdument.”
Dans son livre, l’artiste se figurait qui aurait été ce petit être, comment il l’aurait élevé : “Il sera beau et intelligent, comme son papa Hervé ! Nous l’appellerons Pedro, Pierre. Pierre ou Pedro, écrivait Hervé Vilard. Un jour, Lalla s’en irait seule contempler Paris, flâner à Saint-Germain sur les traces de Beauvoir.”