Thierry Ardisson : ce projet polémique et politique qui l’aurait occupé les derniers mois avant sa mort

Il aura étonné, agacé, fasciné. Thierry Ardisson, figure incontournable du paysage audiovisuel français, s’est éteint le 14 juillet 2025, à l’âge de 76 ans. Fidèle à lui-même, c’est un départ qu’il aura orchestré avec précision, presque comme une dernière mise en scène. L’homme en noir, provocateur génial et animateur hors norme, n’aura jamais cessé de travailler, même en sachant que la maladie l’emportait. Jusqu’à ses derniers instants, il s’est accroché à ses projets, comme pour défier le temps, la douleur… et la mort elle-même.

Une sortie symbolique, à la manière d’un scénariste de sa propre vie

Choisir, ou plutôt accepter, de partir un 14 juillet, jour de la Fête nationale, ne peut être qu’un dernier clin d’œil de cet homme qui a toujours su provoquer et créer le débat. Thierry Ardisson avait fait de sa vie un spectacle. Il le disait lui-même : « J’ai transformé ma vie en cinéma », une formule tirée de son autobiographie Confessions d’un babyboomer, publiée en 2005. Cette phrase résume à elle seule le personnage : un homme qui voyait le monde comme un plateau de tournage, où chaque moment mérite sa lumière, son cadre, son audace.

Mais derrière le personnage médiatique, se cachait aussi un stratège méticuleux, un homme lucide. Conscient de la gravité de son cancer, Ardisson n’a jamais cessé de travailler. Bien au contraire. Il s’est lancé, avec une énergie inattendue, dans la relance de plusieurs projets, comme s’il voulait laisser derrière lui une œuvre inachevée mais immortelle.

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La télévision, son terrain de jeu préféré

L’animateur restera à jamais associé à des émissions cultes telles que Tout le monde en parleSalut les Terriens ! ou L’Œil du cyclone, qui auront marqué des générations par leur ton incisif, leur impertinence assumée et leur volonté constante de bousculer les codes du journalisme télévisuel. À l’écran, Ardisson était tout sauf tiède : il provoquait, dérangeait, amusait. Il savait donner la parole à ceux qu’on entend peu, poser les questions qui fâchent, et faire de la télé un espace de liberté brute.

Mais l’homme ne se limitait pas à l’écran. Il était aussi un producteur ambitieux, un écrivain passionné, un esprit curieux de tout – politique, art, culture, spiritualité. C’est cette soif d’explorer les zones d’ombre du pouvoir et des institutions qui l’a conduit, dans les années 1980, à écrire un ouvrage aussi inattendu que polémique : Louis XX, contre-enquête sur la monarchie.

Un projet oublié… puis réactivé dans l’ombre de la maladie

Ce livre, publié en 1986 chez Orban, a longtemps été relégué à la marge de l’œuvre d’Ardisson. Pourtant, il contient déjà les ingrédients qui feront sa patte : un regard anticonformiste, une fascination pour les figures d’autorité, et une volonté de remonter le fil de l’histoire là où beaucoup s’arrêtent. Dans Louis XX, il s’intéressait à Louis de Bourbon, duc d’Anjou, l’un des prétendants au trône de France selon la tradition légitimiste. Le sous-titre “contre-enquête sur la monarchie” laissait présager une approche critique, libre, voire dérangeante.

Près de 40 ans plus tard, ce livre a refait surface. Et ce n’est pas un hasard. Selon Louis de Bourbon lui-même, interrogé par Boulevard Voltaire, Thierry Ardisson avait repris ce projet dans les derniers mois de sa vie. Il souhaitait poursuivre son enquête, mettre à jour ses réflexions, et peut-être même confronter l’état actuel de la monarchie – ou ce qu’il en reste – à l’évolution politique et sociétale de la France contemporaine.

Loin d’être un simple retour nostalgique sur une œuvre passée, cette reprise illustre la volonté d’Ardisson de laisser une empreinte politique, ou du moins d’ouvrir un débat que la République évite soigneusement. Ce projet resté inachevé est à la fois une énigme et un testament. Une preuve, encore une fois, que son esprit ne s’est jamais résigné.

Un homme, plusieurs adieux

La fin de vie de Thierry Ardisson a également été marquée par d’autres projets plus personnels. Son autobiographie, rééditée et enrichie d’éléments inédits, fait désormais office de journal d’adieu. Sa femme, la journaliste Audrey Crespo-Mara, lui a également consacré un documentaire bouleversant, dans lequel on découvre un homme préparant minutieusement sa sortie de scène, comme on organise une dernière émission.

Ce souci du détail dans la mort est à l’image de celui qu’il avait dans la vie : chaque mot pesé, chaque image pensée, chaque émotion anticipée. Loin d’un épanchement sentimental, Ardisson a choisi de maîtriser son départ comme il a toujours dirigé ses plateaux : avec distance, élégance, et ce goût du décalage qui le rendait unique.

Un héritage qui ne s’éteint pas avec luiThierry Ardisson visé par des plaintes au CSA après des propos sur la  "culture antisémite" des "familles musulmanes"

Aujourd’hui, la disparition de Thierry Ardisson laisse un vide dans le paysage audiovisuel français. Peu d’animateurs ont su, comme lui, combiner profondeur intellectuelle, sens du spectacle, et volonté de transgression. Il a prouvé qu’on pouvait faire de la télévision autrement – sans se plier aux diktats du politiquement correct ou aux formats prémâchés.

Son héritage est multiple : il est dans les archives de ses émissions, dans ses livres, dans les esprits qu’il a dérangés ou éveillés. Il est aussi dans cette idée qu’il faut vivre intensément, créer sans relâche, et oser jusqu’au bout.

Et s’il avait encore tant à dire, à écrire, à produire, c’est peut-être parce qu’il refusait de voir la fin comme une chute. Pour Ardisson, la mort n’était pas un silence, mais un dernier acte. Une sortie pensée, une révérence à sa manière. Provocante, majestueuse, inoubliable.

Thierry Ardisson : il avait tout préparé !

Minutieux, Thierry Ardisson a pris soin de préparer son départ. Ces derniers projets comme son livre autobiographique L’homme en noir, publiée en mai 2025, donnent maintenant un tout autre regard sur les derniers mois de sa vie. Ce livre, il en avait fait la promotion alors qu’il avançait doucement vers la porte de sortie.

Le documentaire de sa femme, Audrey Crespo-Mara, est sûrement l’ultime projet de celui qui a débuté sa carrière dans la publicité. Intitulé La Face cachée de l’homme en noir, cette œuvre retrace sa carrière ainsi que les points importants de sa vie personnelle. Réflexions sur sa vision de la transgression, le sujet de son combat contre la maladie y est également évoqué. Fidèle à lui-même, jusqu’à la fin…

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