Bénabar revient sur un acte honteux et manquant d’humilité dans sa vie d’artiste

Il existe des artistes qui consacrent leur carrière à chanter la vie de tous les jours, mais qui se retrouvent eux-mêmes, parfois, au cœur d’une histoire difficile à avouer. Bénabar, de son vrai nom Bruno Nicolini, l’a reconnu un jour à la télévision : il lui est arrivé d’être « un salaud ». Un souvenir qui le poursuit encore, et qu’il évoque avec une émotion palpable.

Invité de l’émission Chez Lolo, l’interprète de Le Dîner a raconté une nuit en tournée, passée dans un hôtel avec une vingtaine d’amis. La soirée s’était prolongée, les verres aussi, et le petit groupe voulait continuer la fête au bar. Mais le réceptionniste de nuit – un homme simple, payé au SMIC, qui travaillait pour subvenir aux besoins de ses enfants – avait fermement refusé : le règlement imposait la fermeture à minuit.

Plutôt que d’accepter la décision, la bande s’est servie elle-même, forçant l’employé à subir cette intrusion. L’homme, impuissant, a fini par éclater en sanglots. Et là, Bénabar a compris qu’il avait franchi une ligne : il n’était plus l’artiste jovial chantant le quotidien, mais un homme privilégié écrasant, sans même s’en rendre compte, celui qui n’avait d’autre choix que d’encaisser.

« En voyant ses larmes, j’ai compris que je venais de me comporter comme un con. Je lui ai présenté mes excuses immédiatement, mais cette blessure, je la porte encore », a confié le chanteur. Depuis ce jour, il s’est juré de ne jamais donner de leçon de morale à quiconque, conscient d’avoir lui-même fauté.

Né en 1969 à Thiais, en banlieue parisienne, Bruno Nicolini a grandi dans un foyer marqué par la culture : un père régisseur dans le cinéma, une mère libraire. Entre les projecteurs et les livres, l’enfant s’imprègne d’histoires et de spectacles. À huit ans, il apprend la trompette, attiré non par la musique classique, mais par le monde bigarré des clowns et du cirque.

Après le bac, il passe six mois aux États-Unis pour perfectionner son anglais. De retour en France, il s’oriente vers le cinéma : technicien, photographe de plateau, assistant régisseur. Il réalise même trois courts-métrages, dont José Jeannette, remarqué dans les festivals. Parallèlement, il écrit pour la télévision, notamment des sketchs et des scénarios pour la série H diffusée sur Canal+.

La musique n’arrive qu’à 25 ans. Autodidacte, il commence à composer et à chanter. Son premier album, La P’tite monnaie (1997), reste confidentiel. Mais en adoptant le pseudonyme Bénabar, mélange sonore évocateur de ses racines italiennes et corses, il trouve peu à peu sa voie.

L’humour, chez lui, flirte toujours avec la tendresse et la mélancolie. On rit au début, on soupire à la fin. Ses chansons ressemblent à des miroirs : « Il chante notre propre vie », confient de nombreux fans.

L’album Bénabar (2001) l’installe. Les Risques du métier (2003) élargit son public. Mais c’est avec Reprise des négociations (2005), certifié disque de diamant, qu’il devient incontournable.

Trois ans plus tard, Infréquentable (2008) entre directement numéro un des ventes et s’écoule à plus d’un million d’exemplaires. La chanson Le Dîner devient un tube emblématique, repris dans toutes les fêtes. En 2007, il reçoit la Victoire de la Musique de l’« Artiste interprète masculin de l’année » : une consécration pour celui qui, au départ, doutait de sa place dans la chanson.

Au-delà de sa carrière, Bénabar s’investit dans des causes solidaires. Depuis 2007, il participe aux concerts des Enfoirés au profit des Restos du Cœur. Sur le plan politique, il a publiquement soutenu Ségolène Royal en 2007, puis François Hollande en 2012.

Cependant, il refuse d’être catalogué comme « chanteur politique ». Pour lui, l’essentiel est de rester sincère. Dans Indocile heureux (2021), il évoque sans détour le mariage, le divorce, le temps qui passe. Pas de slogans ni de posture : seulement la vie, telle qu’elle est.

Derrière l’artiste, un homme paisible. Marié à Stéphanie depuis 2010, père de deux enfants, Manolo et Ludmilla, il reste attaché à ses origines – italiennes du côté maternel, corses du côté paternel – et à ses souvenirs d’enfance en banlieue. Un mélange qui nourrit sa vision nuancée et proche des réalités sociales françaises.

L’épisode de l’hôtel n’efface pas une carrière riche en succès. Mais il incarne une facette essentielle de Bénabar : celle d’un homme conscient de ses failles, capable de reconnaître ses erreurs.

Derrière l’humoriste tendre des petites histoires, il y a aussi celui qui a vu ses propres limites. Cette mémoire douloureuse lui rappelle d’où il vient, l’oblige à rester modeste. Il ne se pose pas en modèle, seulement en témoin de la condition humaine, avec ses grandeurs et ses misères.

Peut-être est-ce là le secret de son attachement au public : Bénabar ne chante pas seulement avec sa voix. Il chante avec ses maladresses, ses regrets et son honnêteté. Et c’est précisément ce mélange qui fait de lui l’un des conteurs les plus authentiques de la chanson française contemporaine.

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