EXCLUSIF. Après une tournée des plus grandes salles de concerts de France et d’Europe, le chanteur et comédien sera à l’affiche à Paris de « Deuxième partie », avec Stéphane Freiss et Marine Delterme, en janvier au théâtre Édouard-VII.

Il aurait pu se dire « Rendez-vous dans dix ans »… Il a attendu un peu plus longtemps. Le temps de trouver « la » pièce avec laquelle il retrouverait les planches, quinze années après le triomphe du « Prénom », comédie devenue culte créée en 2010. C’est désormais chose faite. Patrick Bruel jouera les trouble-fêtes dans « Deuxième partie », nouvelle création de Samuel Benchetrit au théâtre Édouard-VII (Paris IXe), aux côtés de Stéphane Freiss et Marine Delterme, à partir du 27 janvier. La billetterie ouvre ce mercredi.

« On m’en a proposé, des pièces, sourit le comédien et chanteur, en laissant traîner son regard sur les affiches qui ornent les murs du théâtre Édouard-VII où nous le rencontrons. J’en vois quelques-unes ici. » Aucune, jusqu’à aujourd’hui, ne l’avait convaincu de « rester à Paris, jouer tous les soirs », lui qui vient d’inaugurer son hôtel, L’Isle de Leos – contraction de Léon et Oscar, ses enfants – à L’Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse).

C’est un texte écrit par Samuel Benchetrit qui a finalement retenu son attention. Il n’est pas le premier à apprécier la finesse de cette comédie, initialement intitulée « Salut les copains ». En avril 2022, Nathalie Baye se réjouissait chez nos confrères de « Ouest-France » de l’interpréter bientôt avec Pierre Arditi et Thierry Lhermitte. Le spectacle n’avait finalement pas été joué pour des raisons de santé.

« Que fait-on des vies qu’on n’a pas vécues ? »

Cette fois-ci, c’est la bonne. Autour de Patrick Bruel, la production a réuni Stéphane Freiss, prof rêvé du « Cercle des poètes disparus » – spectacle qui continue de triompher au Théâtre Libre – et ami de longue date, ainsi que Marine Delterme, bien connue des téléspectateurs pour son rôle d’« Alice Nevers » (TF 1), elle aussi proche du chanteur – elle a tourné dans le clip de « Je suis quand même là », en 1995.

« Deuxième partie », qui sera mise en scène par Ladislas Chollat (Molière du spectacle musical cette année pour « Les Misérables »), raconte l’histoire d’un couple marié depuis trente ans qui voit sa routine bouleversée par l’arrivée du personnage joué par Patrick Bruel.

« Ils se sont connus au lycée, développe-t-il. Eux ne se souviennent pas de lui, mais lui si. Parce qu’il a été marqué par cette rencontre. Des dizaines d’années plus tard, il s’arroge le droit de venir sonner à la porte de ce couple, qui n’a rien demandé. »

« C’est une pièce qui joue avec un fantasme que tout le monde a, complète Marine Delterme. Toute jeune femme a eu un garçon qui lui a retourné le cœur. Et s’il revenait, des années plus tard, lui ramener cette envie d’amour pur ? Que fait-on des vies qu’on n’a pas vécues ? »

Un joyeux trio d’acteurs

Très complice, ce « trouple », qui parle de la pièce pour la première fois, se passionne, se questionne. « La pièce parle de l’usure et du rêve qu’on a tous de se réinventer, analyse Stéphane Freiss. Ce personnage improbable qui déboule de nulle part va faire bouger les lignes de notre histoire. C’est un possible dans ce qui semblait verrouillé pour toujours. Symboliquement, l’anniversaire des trente ans de mariage raconte qu’on ne remet plus les choses en question. Eh bien si ! »

« Au début de la pièce, mon personnage – un très beau rôle de femme, forte, assumée, drôle – n’en peut plus, poursuit Marine Delterme. Elle est en train de mourir, il ne se passe jamais rien de nouveau. Cet homme qui débarque lui donne l’impulsion qui lui manquait pour se réinventer. »

Au théâtre Édouard-VII, alors que les répétitions n’ont pas encore commencé, le trio disserte joyeusement. « Cette histoire pourrait s’appeler Le Grand Réveil, lance Stéphane Freiss, qui vient de reprendre des études de philosophie. C’est écrit par un homme d’âge déjà un peu mûr sans être vieux (Samuel Benchetrit a 52 ans), qui questionne ses certitudes, laisse entrer un peu de doutes, de fragilité dans des choses qui semblent très cimentées. » « Parfois, pour se remettre en question, il faut se sentir en danger », rebondit Patrick Bruel.

Ces deux-là se connaissent depuis un bail. « J’habitais rue Jussieu, Stéphane rue des Boulangers. Je n’avais pas encore commencé à chanter », se souvient celui qui a sorti son premier titre en 1982. « Je lui avais même déconseillé de chanter ! se marre Stéphane Freiss. Je lui avais dit : Tu commences bien ta carrière d’acteur, ne va pas te lancer dans un truc qui ne va pas marcher. »

Patrick Bruel se dit ravi de retrouver l’ambiance de troupe. « Ça faisait trop longtemps que je n’avais pas joué au théâtre. C’est très agréable, après avoir fait une énorme tournée dans des stades, où on est l’élément central, au-devant de la scène, les projecteurs sur soi, de se mettre au service d’une mise en scène, d’un texte, d’autres partenaires ! »

« Deuxième partie », pièce de Samuel Benchetrit, mise en scène par Ladislas Chollat, avec Patrick Bruel, Stéphane Freiss et Marine Delterme. À partir du 27 janvier 2026 au théâtre Édouard-VII (Paris IXe).