On parle souvent de la « petite famille des artistes », cette bulle d’élus et d’initiés réservée à ceux qui savent combien le métier de saltimbanque est dur, solitaire et exigeant… Tandis que certains se gaussent de cette expression, laissant ainsi supposer que les stars à l’ego démesuré ne peuvent pas faire partie d’un clan uni, pour d’autres, c’est une réalité. Et pour ceux qui pensent que la « petite famille d’artistes » existe bien, c’est une infi nie douleur qui dévaste leur cœur lorsque disparaît l’un des leurs…

Ainsi, le 22 avril dernier, au milieu des proches et des amis venus dire un ultime adieu à Claude Véga, décédé onze jours plus tôt à l’âge de 91 ans, un homme brisé par la souffrance a pris place en l’église Notre-Dame-de-Lorette, à Paris, où avaient lieu les obsèques de l’humoriste.

Les traits tirés, le regard perdu, la mine sombre, le chanteur Hervé Vilard n’était en effet que l’ombre de lui-même, abattu, dévasté d’avoir dû, une fois encore, se séparer de l’un de ses pairs, et enterrer avec lui les souvenirs d’une époque qu’il aimait tant. Celle du temps où, mieux que personne, le talentueux imitateur incarnait, entre autres, les plus grandes chanteuses des années 1960 et 1970, telles Barbara ou Nana Mouskouri. Ces dernières, loin de lui en vouloir, riaient de ses imitations si réalistes !

Le chanteur a laissé éclater son chagrin.

Cette période de la vie de l’auteur-compositeur de Capri, c’est fi ni, est aussi celle de ses premiers succès, des soirées télé devenues cultissimes de Maritie et Gilbert Carpentier où les gloires de la chanson française étaient réunies… Sans parler de son amitié avec Dalida, sa marraine artistique, ni de son cher Christophe, arraché à la vie par le

Covid il y a tout juste deux ans. Rien d’étonnant, donc, de voir l’auteur de L’Âme seule – le premier tome de son autobiographie publié en 2006 chez Fayard – éperdu de chagrin face au cercueil contenant la dépouille de Claude Véga, désormais inhumé au cimetière de Montmartre…