Il y a des chansons qu’on écoute.
D’autres qu’on ressent.
Et puis, il y a « Les Yeux de la Mama », ce morceau doux et brûlant à la fois, qui vous prend à la gorge sans prévenir — parce qu’il parle de celle que tout le monde a aimée en premier : sa mère.
Lorsque Kendji Girac entonne les premières notes de cette balade, un silence tombe sur la foule. Un silence sacré. Car tout le monde comprend, dès les premières secondes, que ce n’est pas un simple titre parmi d’autres : c’est un hommage. Un cri du cœur. Une déclaration d’amour pudique mais infinie.
Une chanson née d’une inquiétude maternelle
C’est à Périgueux, en Dordogne, que tout commence.
La ville de son enfance. Là où Kendji, encore adolescent, rêve de musique et de scène. Mais pour Carmen, sa mère, c’est l’angoisse qui domine. Voir son fils partir à Paris, s’exposer, affronter un monde qu’elle ne connaît pas… C’est tout sauf rassurant.
« Elle s’est dit : où est-ce qu’il va aller, mon fils ? À la télé, tout seul… Est-ce que c’est un milieu dangereux ? », raconte Kendji.
De cette peur maternelle naît une chanson. Écrite avec tendresse, jouée avec sincérité. “Les Yeux de la Mama” n’est pas qu’un hommage. C’est une réponse. Un merci. Un je t’aime.
Un tournant musical, un ancrage émotionnel
Sortie en décembre 2015, cette chanson marque un tournant majeur dans la carrière de Kendji.
Jusqu’ici, le jeune chanteur, révélé par The Voice, avait conquis la France avec des morceaux rythmés, festifs, aux accents gitans irrésistibles. Mais avec ce titre, il dévoile une facette plus intime, plus mature, plus « adulte » comme le décrit le critique musical Thierry Cadet.
« C’est son premier gold. Une chanson qui, dans 10 ou 20 ans, passera encore à la radio. Elle installe sa carrière. »
Un moment suspendu à chaque concert
Sur scène, le moment est sacré.
Quand Kendji chante “Les Yeux de la Mama”, il n’est plus seulement un artiste.
Il est un fils.
« C’est l’une de mes chansons préférées, que j’adore chanter à chaque fois. Parce que je rends hommage chaque soir à toutes les mamans. »
Et le public ne s’y trompe pas. Des larmes coulent. Des mains se serrent.
À la sortie des concerts, certaines mamans confient :
« C’est le plus beau cadeau qu’une mère puisse recevoir. Les paroles… elles sont fortes. Un beau cadeau. »
La force du geste symbolique : porter le nom de sa mère
Un autre détail fort : Kendji porte le nom de jeune fille de sa mère : Girac.
Pas Maillé, son nom de naissance. Girac.
Un choix symbolique, un acte d’amour que peu de fans connaissent, mais qui dit tout du lien qu’il entretient avec sa mère.
Dans la culture gitane, la mama est sacrée. Intouchable. Respectée. Et dans chaque note, chaque mot de cette chanson, cette tradition transparaît avec éclat.
Un morceau qui traverse les générations
Si “Les Yeux de la Mama” touche autant, c’est aussi parce qu’il dépasse la sphère personnelle. C’est une chanson universelle. Tout le monde peut y voir sa propre mère. Son enfance. Ses souvenirs. Son manque.
Les jeunes chantent pour leur mère.
Les mères écoutent, le cœur gonflé.
Les pères regardent, silencieux.
Et même ceux qui ne sont plus là… on les sent dans la salle.
Un hymne filial qui défie le temps
Aujourd’hui, Kendji a sorti plusieurs albums. Il a enchaîné les succès. Mais à chaque tournée, “Les Yeux de la Mama” reste le moment d’émotion le plus fort.
Ce n’est pas une chanson qui passe. C’est une chanson qui reste.
Qui s’inscrit.
Qui s’imprime dans les cœurs.
Parce qu’il y aura toujours une maman quelque part, les yeux humides, à l’écoute de ce fils qui, à travers sa guitare, remercie toutes les femmes qui ont donné la vie, protégé, aimé, parfois sans rien demander en retour.