Le nouveau ministre de la Justice avait apporté son soutien à la députée du RN après les réquisitions au procès des assistants au Parlement européen.
Ce tweet de Gérald Darmanin en soutien à Marine Le Pen qui fait tache maintenant qu’il est ministre de la Justice (photo prise le 29 septembre 2024)
POLITIQUE – Le tweet n’a pas tardé à refaire surface. Juste après la nomination de Gérald Darmanin au ministère de la Justice ce lundi 23 décembre, son message posté un mois plus tôt en soutien à Marine Le Pen après les réquisitions dans le procès des assistants parlementaires du RN a été pointé du doigt.
« Il serait profondément choquant que Marine Le Pen soit jugée inéligible et, ainsi, ne puisse pas se présenter devant le suffrage des Français. Combattre Madame Le Pen se fait dans les urnes, pas ailleurs », écrivait Gérald Darmanin le 13 novembre. La députée d’extrême droite risque notamment l’inéligibilité, ce qui pourrait sérieusement entraver ses ambitions pour la présidentielle de 2027.
« Si le tribunal juge qu’elle doit être condamnée, elle ne peut l’être électoralement, sans l’expression du Peuple. N’ayons pas peur de la démocratie et évitons de creuser, encore plus, la différence entre les “élites” et l’immense majorité de nos concitoyens », ajoutait-il sur le même réseau social.
Son message de soutien à la cheffe de file du RN à l’Assemblée avait surpris, puisqu’il validait la thèse d’une justice partiale dénoncée par le Rassemblement national après les réquisitions. En plus, l’inéligibilité est automatique en cas de condamnation pour détournement de fonds, ce dont sont accusés Marine Le Pen et plusieurs cadres de son parti dans cette affaire.
Un gouvernement sous « la tutelle de Marine Le Pen »
Dans ce contexte, voir Gérald Darmanin devenir garde des Sceaux interroge. Faut-il y voir la main du Rassemblement national ? Au départ, c’était Xavier Bertrand qui était pressenti pour ce maroquin. Problème, le président LR des Hauts-de-France entretient des relations exécrables avec Marine Le Pen. Dimanche, le RN avait d’ailleurs commencé à brandir la menace de la censure en cas de nomination de Xavier Bertrand à la Justice.
Pour l’eurodéputé de gauche Raphaël Glucksmann en tout cas, pas de doute : le RN a tout à voir avec la nomination au ministère de la Justice. « Acte 1 : Xavier Bertrand n’est pas nommé à la Justice car Marine Le Pen met son veto. Acte 2 : Gérald Darmanin, qui a violemment critiqué le réquisitoire du Parquet contre elle, est nommé à la Justice. Quand cesseront-ils d’être sous la tutelle de Marine Le Pen ? », a-t-il pointé sur X. C’était ce qui était déjà reproché à Michel Barnier, dont le gouvernement n’a tenu que trois mois.
De son côté, Xavier Bertrand a annoncé dans un communiqué publié plus tôt dans la journée qu’il « refus(ait) de participer à un gouvernement de la France formé avec l’aval de Marine Le Pen ». Sur BFMTV ce lundi soir, François Bayrou a réfuté toute influence du RN sur la composition de son équipe et a indiqué qu’il avait proposé à Xavier Bertrand le ministère de l’Agriculture. Xavier Bertrand a refusé.
Le Premier ministre a aussi défendu son nouveau garde des Sceaux, assurant que Gérald Darmanin ne pourra pas influencer la justice notamment dans l’affaire visant Marine Le Pen. « Il y a des gens qui croient que ce sont les gouvernements qui dirigent, maîtrisent, définissent les décisions de justice. Ce n’est pas vrai. Un ministre de la Justice est absolument incapable de faire prendre une décision à un magistrat », a-t-il affirmé. Tout en reconnaissant que commenter les réquisitions sur X n’était pas du meilleur goût : « C’est mieux d’être prudent. »