Une nouvelle bouleversante vient d’être confirmée par sa famille, plongeant des millions, voire des milliards de chrétiens à travers le monde dans le deuil. Joyce Meyer, l’une des figures évangéliques les plus influentes et les plus reconnues de la planète, est décédée à l’âge de 81 ans des suites d’un cancer.

Celle qui avait consacré sa vie à enseigner aux autres comment “Profiter de la vie au quotidien” (Enjoying Everyday Life) a terminé son voyage terrestre, laissant derrière elle un héritage aussi colossal que complexe. Mais pour comprendre l’ampleur du phénomène Joyce Meyer, on ne peut se contenter de regarder son empire missionnaire générant 100 millions de dollars par an. Il faut regarder les cendres desquelles elle a surgi.

La plus grande tristesse de sa vie, la douleur qui a défini toute son existence, n’est pas la maladie qui l’a finalement emportée. C’est un enfer personnel qui a commencé alors qu’elle n’avait que cinq ans.

Née en 1943 à Saint-Louis, Missouri, Pauline Joyce Hutchon a vécu dans “la peur quotidienne”. Son père, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale, était un homme violent et alcoolique. Dans son autobiographie “Beauty for Ashes” (La beauté née des cendres), Joyce a révélé une vérité terrifiante : elle a été abusée physiquement, sexuellement et mentalement par son propre père. Ces abus ont duré, sans relâche, de ses 5 ans jusqu’à son départ de la maison à 18 ans.

“Cela a volé mon enfance,” a-t-elle partagé dans une interview, “et a laissé des cicatrices qui ont mis des décennies à guérir.”

Ces cicatrices ont failli la détruire. Fuyant le foyer familial, Joyce s’est jetée dans une série de relations toxiques. Elle s’est mariée à la hâte avec un homme qu’elle décrit comme “malhonnête et irresponsable”. Le mariage n’a duré que cinq ans, la laissant à 23 ans, seule, vaincue, et mère d’un jeune enfant.

Le drame ne s’est pas arrêté là. Une autre tragédie a frappé en 1988 lorsque son frère, David Hutchon, un Marine vétéran du Vietnam, est mort seul et toxicomane, après avoir vécu dans les rues de Californie. Elle a confessé son sentiment “d’impuissance” absolu, incapable de sauver son frère de sa propre spirale autodestructrice. C’est de ces pertes et de cette douleur brute qu’une “Joyce Meyer forte mais blessée” a commencé à émerger.

En 1976, alors qu’elle conduisait, elle a ressenti un “appel de Dieu”. Ce fut le début d’une carrière extraordinaire. Elle a commencé modestement, par un petit cours biblique dans son église locale avec quelques dizaines de participants. En 1985, elle a fondé l’organisation “Life in the World” et lancé son premier programme radio.

Le véritable tournant a eu lieu en 1993, avec le lancement de son émission de télévision “Enjoying Everyday Life”. D’une émission locale, elle est devenue un phénomène mondial. En 2025, son émission était diffusée sur des centaines de chaînes, touchant potentiellement plus de 4,5 milliards de personnes via le satellite et Internet.

Elle a publié plus de 130 livres, dont le best-seller “Battlefield of the Mind” (Le Champ de bataille de la pensée) en 1995, vendu à plus de 3 millions d’exemplaires. Ce livre n’est pas seulement un ouvrage ; c’est le résumé de sa mission de vie : aider les gens, en particulier les femmes, à guérir de leurs traumatismes psychologiques et à surmonter les pensées négatives – un sujet qu’elle maîtrisait intimement.

Grâce à son organisation caritative, “Hand of Hope” (Main de l’Espoir), fondée en 2000, son héritage est devenu tangible : plus de 1 000 puits d’eau potable construits, 500 écoles bâties, et plus de 40 millions de repas offerts aux enfants démunis. En 2005, le magazine Time l’a nommée parmi les 25 leaders évangéliques les plus influents d’Amérique.

Pourtant, sa carrière n’a pas été un long fleuve tranquille. En tant que femme prédicatrice à une époque où cela était rare, elle a dû faire face à la suspicion des églises traditionnelles. Son premier programme radio a été annulé faute de sponsors, la forçant à travailler à temps partiel dans un magasin pour survivre.

Puis, le plus grand revers. En 2003, un scandale financier a éclaté lorsque le St. Louis Post-Dispatch l’a accusée d’utiliser les dons pour mener un style de vie somptueux, incluant l’achat d’une maison de 2 millions de dollars et d’un jet privé. L’affaire a gravement entaché sa réputation. Bien qu’elle ait insisté sur la transparence de ses dépenses, la pression publique a contraint Joyce Meyer Ministries à divulguer ses finances en 2004 et à rejoindre des organismes de surveillance financière.

Même son style de prédication “franc” était critiqué, jugé “trop émotionnel” ou “non théologique”. Mais c’est précisément cette “émotion” qui la connectait à des millions de personnes. Elle ne cachait pas ses larmes. Elle a avoué avoir pleuré en écrivant “Battlefield of the Mind”, en devant affronter les souvenirs douloureux. Elle a fondu en larmes lors d’une conférence à Johannesburg en 2010, en voyant des milliers de personnes pauvres venues l’écouter.

En 2022, elle s’était montrée émue en parlant de son combat contre le cancer du sein en 2012 – une épreuve qui l’avait forcée à prendre plusieurs mois de repos. Elle s’en était remise. Aujourd’hui, comme sa famille l’a confirmé, le cancer est revenu, et cette fois, il a été le plus fort.

La plus grande ambition de Joyce était de bâtir une organisation qui lui survivrait. Elle y est parvenue. Joyce Meyer Ministries, avec ses revenus annuels de plus de 100 millions de dollars et ses opérations dans plus de 100 pays, poursuivra son œuvre.

Mais son plus grand succès n’est peut-être pas visible dans ces chiffres. Il réside dans son mariage de plus de 58 ans.

Elle a épousé Dave Meyer, un ingénieur, le 7 janvier 1967. Elle avait 23 ans, sortait d’un mariage désastreux, couverte de cicatrices psychologiques. Elle a décrit Dave comme “la première personne à l’aimer inconditionnellement”, l’aidant à guérir et à faire confiance à nouveau. Dave n’était pas seulement son mari ; il a été le directeur de son ministère dès le premier jour.

Leur mariage n’a pas été facile. Joyce a admis que les premières années étaient “difficiles”, ses traumatismes d’enfance provoquant des disputes et de la distance. Mais ils ont tenu bon. Ils ont traversé ensemble son cancer de 2012. Et il est resté à ses côtés jusqu’à son dernier souffle. Ils ont eu quatre enfants, qui sont tous impliqués dans le ministère familial.

Joyce Meyer a vécu une vie hors du commun. Une vie qui a commencé dans une douleur inimaginable, qui l’a propulsée au sommet de la gloire mondiale, qui l’a vue trébucher face aux tentations de la richesse, et qui s’est achevée dans un dévouement caritatif infatigable. Elle a transformé sa douleur personnelle en une source d’inspiration pour le monde entier. Aujourd’hui, cette combattante, forte et blessée, peut enfin se reposer.